Mea culpa d’un parent face aux jeunes, les générations Y et Z

Par Janine Karam, maman

Ce week-end, autour d’un café avec un ami gestionnaire de mon âge, j’ai reçu une claque. Une de celles qui réveillent. On parlait des jeunes, de la relève… et, sans vraiment s’en rendre compte, on roulait des yeux, on soupirait, on critiquait.

Mon fils de 21 ans, assis tout près, écoutait en silence.

Et là, j’ai compris : moi aussi, j’étais tombé dans le piège. Moi aussi, j’avais fini par coller des étiquettes sur cette fameuse génération Y, et surtout sur la Z. Moi qui, à leur âge, avais juré que je ne deviendrais jamais cette vieille conne que je dénonçais…

Ce pincement au cœur, ce malaise diffus, ne m’a pas quitté. Alors j’ai lu. Écouté. Observé. Et, peu à peu, j’ai compris quelque chose de fondamental : ces jeunes ne sont pas seulement en train de contester nos méthodes – ce qui est, après tout, le rôle de chaque nouvelle génération – ils nous tendent aussi la main.
Ils nous invitent à les rejoindre dans un monde qu’ils veulent plus juste, plus humain, plus aligné. Ils veulent être compris, intégrés, respectés. Et non seulement ils le méritent — ils sont indispensables.

Parce que cette jeunesse, c’est bien plus que notre avenir. C’est notre chance. Notre rappel à l’ordre. Notre boussole, dans un monde de plus en plus incertain.

Voici ce que j’ai compris et ce que j’aimerais dire à ceux qui, comme moi, jugent parfois trop vite.

 


 

1. Ils veulent du sens, pas juste des ordres.

Je l’avoue : j’ai souvent pensé que les jeunes voulaient tout, tout de suite, sans vraiment suer. Mais avec un peu de recul, je vois que ce n’est pas un refus de travailler. C’est un refus d’agir sans comprendre.

Ce qu’ils cherchent, ce n’est pas un poste, c’est une cause. Ils veulent savoir à quoi ça sert. À qui ça profite. Ce que ça change.

Notre rôle, en tant que leaders, c’est de remettre le sens au cœur de nos communications.

De relier chaque action à une finalité.

Pas juste le “comment”, mais surtout le “pourquoi”.

 

2. Ils rendent l’émotion légitime.

J’ai parfois vu leur spontanéité émotionnelle comme un manque de filtre. Aujourd’hui, je vois ça autrement.

Ils ont grandi dans un monde où nommer ses émotions est une force, pas une faiblesse. Ce langage, ils le maîtrisent mieux que nous, dès leur plus jeune âge. Et leur vulnérabilité assumée ouvre la voie à des relations plus humaines, plus vraies.

Notre mission ? Créer des espaces où cette authenticité peut exister sans peur.

Et montrer, nous aussi, que l’empathie est une compétence stratégique, pas un luxe.

 

3. Ils sont nés connectés.

Oui, leur téléphone est souvent dans leurs mains. Mais ce n’est pas un jouet. C’est leur outil, leur lien au monde, leur levier de performance.

Ce sont des natifs numériques. Leur capacité à apprendre vite, à filtrer l’information, à s’adapter, est bluffante. Et si ce n’était pas une distraction… mais une super-puissance collective ?

Notre rôle n’est pas de freiner, mais d’encadrer.

De canaliser cette aisance digitale vers des projets ambitieux.

Pas de la brider, mais de l’amplifier.

 

4. Ils veulent contribuer. Maintenant.

Je les ai déjà trouvés “impatients”. Mais leur envie de gravir les échelons vite ne vient pas d’un ego surdimensionné. Elle vient d’un besoin d’impact immédiat parce que nécessaire et que le temps presse.

Ils veulent jouer un rôle, pas juste apprendre en silence. Ils veulent essayer, se tromper, recommencer, contribuer.

Alors offrons-leur des projets, pas seulement des tâches.

Du mentorat, pas du micromanagement.

Des défis à leur mesure, pas de l’attente passive.

 

5. Ils sont fidèles à leurs valeurs.

Certains les accusent de “zapper” d’un job à l’autre. Mais pour eux, la fidélité à une entreprise ne vaut que si l’entreprise est fidèle à ses promesses.

Leur loyauté va à la transparence, à la justice, au respect. Quand ces piliers vacillent, ils s’en vont. Par cohérence, pas par caprice.

Et si, au lieu de les juger, on prenait ça comme un appel à faire mieux ?

À bâtir des environnements qui donnent envie de rester, pas par peur de partir… mais par conviction.

 

6. Ils veulent être entiers. Partout.

Ils ne compartimentent pas leur vie comme on l’a fait. Ils veulent pouvoir être eux-mêmes, autant au bureau qu’à la maison. Et ça, ça nous déroute parfois.

Mais au fond, c’est légitime : pourquoi devrait-on laisser une partie de nous à la porte du bureau ? Ce qu’ils demandent, c’est de la cohérence, de l’authenticité.

À nous de redéfinir l’équilibre : plus de flexibilité, oui, mais aussi plus de clarté.

Et surtout, un environnement où on n’a pas besoin de jouer un rôle pour exister.

 


 

Ils ne nous attendent pas. Ils nous appellent.

La génération Z (et une bonne partie de la Y) ne se contente pas d’attendre son tour. Elle nous pousse à évoluer.

L’écouter, ce n’est pas céder. C’est comprendre que le monde change — et que ces jeunes en sont les éclaireurs.

Célébrer cette génération, c’est bien plus qu’un enjeu RH. C’est un défi de leadership au sens noble. C’est choisir d’éclairer, pas d’ordonner. D’inspirer, pas d’imposer.

Et pour moi, comme parent, c’est aussi un engagement du cœur : apprendre à voir mes enfants — et toute leur génération — non comme un mystère à résoudre, mais comme un potentiel qui se déploie sous mes yeux, une chance à saisir.

Parce qu’au fond, ils ne sont pas si différents.

Ils veulent simplement que ce qu’ils font compte.

Et c’est exactement ce que nous devrions vouloir, nous aussi.

« C’est la fièvre de la jeunesse qui maintient le reste du monde à la température normale.
Quand la jeunesse se refroidira, le reste du monde claquera des dents. »

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