Naviguer au cœur de l’incertitude

Par Jorj Helou, CRHA, PCC et Janine Karam

En 2020, on découvrait le télétravail à marche forcée, pour certains du moins, on cuisinait du pain au levain entre deux appels Zoom, et les conversations tournaient autour des courbes épidémiologiques plus que des indicateurs de performance. On avait un nom pour l’angoisse collective : COVID.

En 2025, l’angoisse est toujours là. Elle s’appelle guerre commerciale, inflation, intelligence artificielle… ou parfois, tout simplement, Donald Trump. L’éléphant dans la pièce est toujours là — il a juste changé de nom. Le ressenti, lui, n’a pas changé; quelque chose se trame, sans qu’on sache quoi, ni quand.

On parle aussi de turbulence. Ce mot, tel un spectre, hante les conversations à côté de la machine à café, s’immisce dans les réunions, s’ancre dans les esprits. Il signifie tout et rien à la fois, mais il laisse une empreinte indélébile, une tension sourde, une instabilité latente, un climat où chaque nouvelle annonce est un coup de vent de plus dans une tempête déjà violente.

La turbulence, elle, n’est pas vraiment fan des plans à long terme! Comment garder alors le cap quand la météo organisationnelle change toutes les deux semaines? Que faisons-nous face à cette marée montante d’anxiété?

 

Le leadership face à l’incertain : incarner un repère

Un leader ne peut pas arrêter la tempête, mais il peut implanter des stratégies efficaces pour empêcher que son équipe se noie.

Il s’agit d’être présent, clair et ancré. Les collaborateurs ont besoin d’une lecture lucide de la situation, de la transparence dans les propos, d’un espace sécurisé où les préoccupations peuvent s’exprimer sans crainte, et surtout d’être entourés par des gens de confiance.

Il ne s’agit pas de masquer la réalité derrière des discours creux et inutilement positifs, , ni de distribuer de faux espoirs et des promesses qu’on sait ne seraient tenues. Les gens ont besoin d’être informés et soutenus à travers le processus, tout en leur permettant de préparer consciemment leurs plans B.

 

4 conseils pour amortir les secousses

  1. Expliquer, même quand on ne sait pas tout

Le silence est un vide qui se remplit de suppositions angoissantes. Dire « je ne sais pas encore, mais voici ce que nous savons » est souvent plus puissant qu’un discours vague ou utopiquement rassurant. Partager les informations disponibles, même partielles, permet de construire un socle de confiance.

 

  1. Écouter au-delà des signaux

Une blague cynique en réunion, un employé qui s’isole, des réunions où les blagues fusent, mais cachent une tension. Un haussement d’épaules, un ralentissement discret, un évitement du regard. Ces petits signes ouvrent souvent sur de longues conversations. Les capter et en parler, c’est éviter que l’inquiétude ne se transforme en chialage de couloirs, en ressentiment ou en blocage d’action.

 

  1. Donner du mouvement à l’incertitude

L’anxiété fige, elle nous enracine dans la peur, nous paralyse. Le leader est appelé à créer du mouvement, à proposer des actions, même modestes, des projets concrets. Une équipe qui agit, qui essaye, qui teste, qui invente, qui innove, c’est une équipe qui reprend du contrôle plus rapidement et plus efficacement.

 

  1. Rappeler le cap

Quand l’horizon est flou et les repères s’effacent, revenir sur les valeurs fondamentales, sur les assises de la mission de l’équipe.

 

Décider comment traverser la tempête et quel sera le narratif à raconter dans l’après

Soyons honnêtes : il n’y aura pas de retour au « monde d’avant ». La turbulence ne va pas gentiment s’éclipser pendant l’été. Mais ça ne veut pas dire qu’on est condamnés à ramer sans cap, accrochés à notre rame comme à une bouée.

Même si les leaders ne sont ni des oracles ni des super-héros, leur attitude est sous le microscope, et va façonner la perception collective pour la période à venir, le récit transmis. Ceux qui vacillent amplifient l’incertitude, ils propagent le brouillard. Ceux qui assument leur propre vulnérabilité, paradoxalement, renforcent la résilience de leurs équipes et en deviennent les piliers.

Peut-être que, quelques années plus tard, quand on repensera à cette période un peu floue, un peu fatigante, on se dira : « On n’avait pas toutes les réponses, mais on est restés humains. Ensemble, on a traversé. »

Et vous, dans votre organisation, comment abordez-vous l’incertitude? Quelle histoire raconteront vos équipes de cette période? Quel type de trace avez-vous envie de laisser?

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